La démocratie porte en elle toutes les aspirations et les contradictions de l’espèce humaine.

C’est dans l’accomplissement de sa vocation que s’apprécie le niveau auquel est atteinte l’ambition de ceux qui la souhaitent et de ceux qui la combattent.

Or, ce combat est nécessairement insidieux parce que ceux qui la proclament ne sont pas toujours sincères et n’aspirent qu’à la domination du peuple et ceux qui la combattent font parfois preuve, sinon d’honnêteté tout au moins d’une lucidité qui mérite notre attention.

C’est pourquoi l’échec comme la victoire ne doivent être appréciés que par période ainsi que dans les moyens qui sont promus pour sa mise en œuvre, la démocratie demeurant sans cesse à construire.

Les seules constantes procèdent de la permanence du respect des valeurs essentielles qui constituent le fondement de la société humaine à savoir :

- le respect de la vie dans son acception la plus large,

- la croyance en une transcendance qui dépasse la condition humaine dans sa dimension charnelle et terrestre.

Cette transcendance s’exprime au travers des institutions, elles sont visibles ou invisibles mais elles constituent toujours l’architecture d’un idéal et d’une volonté au service d’un homme, d’un groupe ou d’une multitude.

Il n’y a rien d’emphatique à considérer que chaque être humain a une mission sur cette terre.

Elle peut consister non seulement à perpétuer l’espèce, mais également à justifier cette perpétuation dans le cadre de cette transcendance, laquelle peut s’exprimer de façon plus ou moins consciente puisqu’elle sera nécessairement le résultat de la satisfaction de certains instincts, laquelle satisfaction se traduit elle-même par de l’amour, de l’émotion, de la joie, du plaisir, de la sérénité.

Le malheur veut que cette joie, ce plaisir ou cette sérénité peuvent provenir de la destruction morale et physique de l’espèce humaine que l’on veut soumettre à son joug.

Cette volonté a trouvé son nom dans l’histoire. Elle s’appelle le « pouvoir ».

Et parce que ce pouvoir s’exerce soit au détriment soit au profit de la multitude, il acquiert plus ou moins de légitimité, c’est-à-dire qu’il peut être lui-même l’expression de la volonté de cette multitude lorsque ce pouvoir est entre les mains d’un seul, il peut être monarchique ou tyrannique suivant sa légitimité.

Lorsque ce pouvoir est entre les mains d’un groupe il peut être aristocratique ou oligarchique suivant sa légitimité.

Lorsque ce pouvoir est entre les mains de la multitude, il peut être démocratique ou mafieux suivant sa légitimité.

Cette légitimité a un prix, elle rend responsable chaque citoyen s’agissant de la cité dans laquelle il veut vivre et prospérer, elle permet de lui dire « assumez ce que vous avez voulu ».

Bien entendu, chacun de s’écrier : « La confusion des genres, l’inversion des valeurs, la manipulation, la mondialisation », autant de facteurs qui permettent d’exonérer notre responsabilité.

De tels prétextes doivent être immédiatement écartés, non seulement l’histoire mais l’époque actuelle démontrent à quel point le prix qui a été payé pour promouvoir la démocratie, le sacrifice de ceux qui ont affronté avec courage et lucidité la barbarie, doit être enseigné et demeurer dans nos mémoires, afin de contraindre chaque citoyen à consentir ce minimum d’effort qui va consister à ne pas se tromper lorsqu’il va déléguer la parcelle de pouvoir qu’il détient du seul fait même de sa naissance.

Parce qu’il est français, il peut effectivement s’inspirer de notre histoire, de cette alchimie dont allait surgir la révolution française, sa vocation universelle glorifiée dans la nuit du 4 août 1789 et instituant l’égalité des droits et la souveraineté du peuple.

En effet, il convient d’établir un constat et parce qu’il faut rendre hommage à TOCQUEVILLE, à sa réflexion, retenons ce passage de « La démocratie en Amérique » :

« De quelque côté que nous jetions nos regards, nous apercevons la même révolution qui se continue dans tout l’univers chrétien.

 

Partout on a vu divers incidents de la vie des peuples tournés au profit de la démocratie ; tous les hommes l’ont aidé de leurs efforts : ceux qui avaient en vue de concourir à ses succès et ceux qui ne songeaient point à la servir ; ceux qui ont combattu pour elle et ceux mêmes qui se sont déclarés ses ennemis ; tous ont été poussés pêle-mêle dans la même voie et tous ont travaillé en commun, les uns malgré eux, les autres à leur insu, aveugles instruments dans les mains de Dieu.

 

Le développement graduel de l’égalité des conditions est donc un fait providentiel, il en a les principaux caractères : il est universel, il est durable, il échappe chaque jour à la puissance humaine ; tous les évènements, comme tous les hommes, servent à son développement » (Ed. Flammarion – page 60).

Cette universalité ne condamne pas celui qui combat la démocratie, elle permet son progrès du fait même du débat qu’elle instaure, de la dialectique qui l’anime et du risque toujours présent de sa disparition.

La démocratie est, par essence, aristocratique. Elle ne peut exister qu’à la condition que ses fondements reposent sur les seules valeurs qui ont résisté au temps et qui sont, par conséquent, éternelles et dont la portée est universelle.

La mise en œuvre de réformes, l’avènement d’institutions qui garantissent l’épanouissement de ces valeurs, peuvent effectivement permettre de favoriser cette légitimité du pouvoir qui n’a de raison d’être parce qu’il est au service des peuples qui constituent la nation.

Or, le XXème siècle et le début du XXIème siècle, ont démontré à quel point la démocratie est en danger, la liberté, les conditions de travail et la sécurité de chaque citoyen peuvent être compromises par des formes plus ou moins invisibles qu’il s’agisse des marchés financiers ou d’organisations criminelles qui dissimulent leurs armes sous des artifices comptables et juridiques, politiques voire même prétendument humanistes.

L’adaptation de nos institutions à la mesure de ces enjeux est vitale pour la démocratie, pour la République française et pour le bien-être de tous ceux qui revendiquent le respect des mêmes valeurs.

Parce que la démocratie a existé bien avant notre ère, parce que nous n’avons fait que nous inspirer de nos ancêtres après avoir balbutié, nous n’avons pas toujours à être fiers de notre histoire.

Toute institution qui favorise la personnalisation du pouvoir et perpétue sa captation est contraire aux valeurs chrétiennes et démocratiques.

Les hommes de la révolution ont associé la réflexion et l’action et ont été eux-mêmes sacrifiés sur l’autel de la révolution, ce qui doit peser encore aujourd’hui sur la conscience de chaque citoyen et ce, d’autant plus que chaque guerre est venue répéter ce sacrifice, puisqu’il s’est agi effectivement à chaque fois de préserver sa liberté, l’égalité des droits et la souveraineté.

On ne peut empêcher la nature humaine d’être animée par ce sentiment de puissance et de domination des autres êtres humains ; aussi, est-ce en temps de paix apparent qu’il convient d’analyser ces tentatives de domination qui s’expriment notamment sous des formes économiques et financières dont la guerre conventionnelle est devenue l’aboutissement de l’échec.

La guerre conventionnelle, indépendamment des intérêts du complexe militaro-industriel, est le recours ultime lorsque les voies démocratiques n’ont pu être empruntées et que le rapport de force est susceptible de présenter toutes les apparences de la légitimité de la même façon que le débat judiciaire, le procès est venu remplacer les ordalies et a permis à l’intelligence de triompher de la force et de la violence de la même façon, le débat judiciaire et politique aujourd’hui doit être transposé à tous les niveaux de la société.

Il n’est pas un domaine qu’il s’agisse de la vie économique et sociale, de la vie des affaires qui doit échapper au pouvoir politique du citoyen et au débat judiciaire.

L’égalité des droits, le combat contre la barbarie, imposent non seulement la transparence mais la possibilité pour chaque citoyen de bénéficier de la mise en œuvre d’institutions républicaines qui garantissent sa liberté et sa sécurité.

Force est de constater qu’il n’est point besoin de longues dissertations, ni de se plonger dans les innombrables ouvrages consacrés à la science politique et ce, d’autant plus que chaque peuple, chaque nation a apporté, par la qualité de ses penseurs, sa contribution à cet immense puzzle.

La France n’est pas en reste, parmi eux MONTESQUIEU figure en bonne place et la séparation des pouvoirs demeure l’arc-boutant de la construction institutionnelle démocratique et républicaine, parce que ces trois pouvoirs ne doivent pas être placés entre les mêmes mains.

Osons même l’affirmer, le pouvoir ne devrait pas être remis entre les mains de celui qui le réclame mais entre les mains de celui que l’on est allé chercher et que l’on a choisi.

L’appareil administratif est là pour pallier la défaillance de celui qui ne peut notamment, à notre époque, du fait de la complexité des systèmes comptables financiers et juridiques, tout appréhender, l’exercice du pouvoir ne devant consister qu’à décider et à orienter.

Les crises financières qui se succèdent sont la démonstration, non seulement de l’émergence à l’échelle de la planète de ces nouvelles formes de guerres, mais également et surtout de l’inadaptation de nos institutions à la mesure de ces enjeux.

En effet, l’analyse macro-économique permet d’occulter la réalité sociale, politique et financière qui doit être nécessairement fondée dans un système démocratique sur le respect de la règle de droit.

La modélisation mathématique de la spéculation, l’utilisation des ordinateurs, le dévoiement de la fiducie et des trusts, le recours à des fonds de pensions ou d’investissements, sont autant de moyens d’occulter la dimension criminelle de cette spéculation.

C’est d’ailleurs pourquoi les organisations criminelles mafieuses ont trouvé leur place dans le rang des institutions qui consacrent l’avènement d’un pouvoir et son inscription dans la durée.

La réflexion institutionnelle doit, par conséquent, conduire à établir un diagnostic aussi précis que possible de l’ampleur de la maladie et de ses causes, afin que chaque citoyen puisse appréhender les conséquences qui en résultent dans sa vie quotidienne, établisse la relation de cause à effet entre le trafic de la drogue, les masses de capitaux qui circulent, la disparition de certains secteurs industriels, la paupérisation et l’anéantissement progressif du service public.

Tout cela n’est pas le fait du hasard mais la manifestation d’une volonté qui place chaque citoyen devant sa responsabilité et qui le contraint à choisir entre la soumission à ce système féodal de type mafieux ou à promouvoir une institution judiciaire qui assure dans le respect de la loi, la protection de sa personne, de ses biens et de ses droits.

 

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